Chapitre 38

 

Fitch se gratta le bras à travers le tissu crasseux de ses anciennes frusques de garçon de cuisine. Avant de porter son nouvel uniforme, il ne s’était jamais aperçu qu’il s’agissait de haillons. Depuis, il savourait le respect que lui valait son nouveau poste de messager. Bien entendu, il n’était pas quelqu’un d’important, mais la plupart des gens avaient de l’estime pour les courriers, parce qu’ils assumaient de véritables responsabilités. En revanche, personne au monde n’admirait les larbins chargés de récurer les chaudrons.

En remettant ses anciens habits, il avait eu l’impression de revenir à sa vie d’avant, et cette seule idée lui donnait envie de vomir. Il aimait travailler pour Dalton Campbell, et il ferait tout pour continuer.

Et pour ça, ce soir, il fallait qu’il soit vêtu comme un traîne-misère.

La douce mélodie d’un luth montait des fenêtres ouvertes d’une auberge, assez loin de l’endroit où il attendait. Il s’agissait de la taverne du Bonhomme Jovial, dans la rue Wavern. Un troubadour venait souvent y chanter…

Les trilles plus aigus d’un chalumeau se mêlaient parfois aux accords du luth. Puis ils cessaient, et le troubadour entonnait une ballade dont le jeune Haken, à cause de la distance ne comprenait pas les paroles. Mais les airs entraînants et harmonieux faisaient battre son cœur un peu plus vite.

Fitch jeta un coup d’œil derrière lui et, à la lueur du clair de lune, vit les visages tendus des autres messagers. Eux aussi avaient revêtu les tristes haillons qu’ils portaient dans leur ancienne vie. Solidaire de ses nouveaux amis, le jeune Haken était résolu à ne pas les laisser tomber, quoi qu’il arrive.

Ainsi attifés, ils ressemblaient à une bande de vagabonds, et personne n’aurait pu les distinguer des centaines de Hakens loqueteux aux cheveux roux qu’on croisait dans les rues de Fairfield.

Ces pauvres bougres erraient en ville en quête d’une bonne âme qui voudrait bien leur proposer du travail. Souvent, la garde venait les disperser, parce qu’ils troublaient l’ordre public. Certains sortaient de la ville pour aller offrir leurs services à des paysans. D’autres se cachaient derrière des bâtiments pour se soûler, et une poignée se tapissaient dans l’ombre afin d’attaquer les passants et de les détrousser. S’ils étaient capturés, ces ruffians-là finissaient sur l’échafaud. Et on n’échappait en général pas longtemps aux patrouilles de la garde…

Les chaussures de Morley grincèrent quand il s’accroupit à côté de Fitch. Comme tous les autres membres de l’équipe, le jeune Haken avait gardé ses belles bottes, même si elles faisaient partie de son nouvel uniforme. Les éventuels témoins n’en tireraient aucune conclusion, en supposant qu’ils remarquent ce détail curieux…

Bien que Morley ne fût pas encore un messager, messire Campbell lui avait demandé de se joindre au petit groupe chargé d’une mission délicate. Déçu que l’assistant ne l’ait pas enrôlé à « temps plein » comme son ami, Morley s’était consolé en apprenant de la bouche de Fitch que l’assistant du ministre ferait appel à lui de temps en temps et l’intégrerait un jour ou l’autre dans le corps de messagers. Pour l’instant, avoir des raisons d’espérer suffisait à le combler de bonheur…

Les nouveaux collègues de Fitch étaient plutôt sympathiques, il le reconnaissait volontiers. Pourtant, il se réjouissait d’avoir à ses côtés un vieil ami avec qui il avait trimé dans la cuisine de maître Drummond. Leur passé commun comptait beaucoup. D’autant plus que se soûler ensemble pendant des années forgeait de sacrés liens ! Morley semblait partager les sentiments de Fitch, et il était heureux d’avoir une nouvelle occasion de montrer sa valeur.

Même s’il était mort de peur, Fitch, comme tous les autres, tenait à ne pas décevoir Dalton Campbell. De plus, et à l’inverse de leurs compagnons, Morley et lui avaient des raisons personnelles de vouloir mener à bien cette mission.

Pourtant, les paumes de Fitch étaient si moites qu’il devait les essuyer sans arrêt sur ses genoux.

Morley flanqua un petit coup de coude à Fitch, qui plissa les yeux pour sonder la rue mal éclairée où s’alignaient des bâtiments de pierre de deux ou trois étages. Claudine Winthrop venait d’apparaître sous le porche d’une de ces demeures. Comme messire Campbell l’avait prévu, il y avait avec elle un Anderien en riches atours qui portait sur la hanche gauche une longue épée fine. Une lame très maniable et hautement dangereuse, supposa Fitch, non sans frissonner.

Dans sa tenue de courrier, Rowley alla à la rencontre du grand Anderien, qui finissait de descendre les marches, et lui tendit un message. Pendant qu’il en brisait le sceau, le compagnon de Claudine échangea avec Rowley quelques mots que Fitch ne comprit pas à cause de la distance.

Dans le lointain, le troubadour continuait à jouer du luth et du chalumeau. Des passants des deux sexes montaient et descendaient la rue, souvent en bavardant joyeusement. Quelque part dans un couloir, des hommes riaient de plaisanteries qui ne devaient pas être d’une extraordinaire subtilité. Des carrosses décapotés passaient de temps en temps, amenant de riches passagers vers on ne savait quelles festivités. Des charrettes et des chariots cahotaient sur les pavés, ajoutant au vacarme ambiant.

L’Anderien rangea le message dans la poche de son pourpoint, se tourna vers Claudine Winthrop et lui dit quelques mots que Fitch, une fois encore, ne parvint pas à comprendre.

L’Anderienne jeta un coup d’œil vers la rue qui s’enfonçait dans la cité, puis hocha la tête et désigna l’avenue qui menait au domaine, où Fitch et ses compagnons se cachaient. Très souriante, Claudine semblait d’excellente humeur.

L’homme lui serra la main, sans doute pour lui dire bonsoir. Elle le regarda s’éloigner, le saluant de temps en temps d’un geste amical.

Dalton Campbell avait chargé Rowley de délivrer le message. Maintenant que c’était fait, l’homme de confiance de l’assistant s’éloigna à son tour, comme prévu.

Rowley avait très exactement décrit ce qu’ils devaient faire aux Hakens déguisés. C’était toujours lui qui donnait les ordres, et, en l’absence de messire Campbell, il savait invariablement ce qu’il convenait de faire.

Fitch l’aimait déjà beaucoup. Pour un Haken, ce jeune homme affichait une confiance en lui-même hors du commun. Messire Campbell se montrait très courtois avec lui – comme avec tout le monde –, mais il paraissait lui témoigner un peu plus de respect. S’il avait été aveugle, Fitch aurait pu le prendre pour un Anderien. À un détail près : s’il restait toujours très professionnel, Rowley ne se montrait jamais méprisant avec les autres Hakens.

Claudine Winthrop s’engagea dans l’avenue qui conduisait au domaine. Deux gardes qui passaient par là, des colosses armés de gourdins, la regardèrent un moment marcher d’un pas décidé.

Pour atteindre sa destination, il lui faudrait à peine une heure. Et ce soir, la nuit était d’une tiédeur parfaite pour faire un peu d’exercice sans transpirer à grosses gouttes. Avec la pleine lune, toutes les conditions d’une agréable promenade vespérale étaient réunies.

Claudine resserra son châle blanc sur ses épaules. De toute façon, constata Fitch, un peu déçu, la robe qu’elle portait ce soir ne révélait pas grand-chose de ses charmes.

Dame Winthrop aurait pu s’asseoir sur un banc et attendre un des carrosses qui faisaient la navette entre la ville et le domaine. Mais elle n’opta pas pour cette solution. Si elle se sentait fatiguée en chemin, il lui suffirait d’attendre qu’un de ces véhicules la rattrape.

Rowley était allé s’assurer que le prochain carrosse aurait du retard à cause d’un message de la première importance à délivrer d’urgence à l’autre bout de la ville.

Fitch et ses compagnons restèrent à l’endroit où on leur avait ordonné d’attendre leur proie. Claudine approchait vite, et les lointains échos de la musique faisaient à présent cogner le cœur de Fitch contre ses côtes.

Il regarda Claudine avancer vers lui tandis que ses doigts pianotaient sur ses genoux, marquant la cadence de l’air que le troubadour jouait au chalumeau. La Poursuite autour du puits racontait l’histoire d’un homme amoureux d’une belle qui l’ignorait superbement. À bout de nerfs le galant courait derrière sa bien-aimée autour d’un puits, finissait par l’attraper, la plaquait au sol et lui demandait de l’épouser. Quand elle disait enfin « oui », il se relevait d’un bond et c’était elle qui devait le poursuivre autour du puits…

À mesure qu’elle avançait, Claudine paraissait de moins en moins sûre que se promener seule en pleine nuit fût une idée judicieuse. Inquiète, elle jeta un coup d’œil aux champs de blé, sur sa droite, et aux plantations de sorgho, sur sa gauche. Puis elle accéléra la cadence et sortit bientôt du cercle de lumière que la cité projetait quelques centaines de pas hors de ses limites.

Assis sur les talons, Fitch sentit son cœur battre la chamade, et il commença à se balancer nerveusement d’avant en arrière. Bon sang, que n’aurait-il pas donné pour être ailleurs et ne pas avoir à accomplir cette mission ! Après, il le savait, plus rien ne serait jamais pareil pour lui…

Et d’ailleurs, serait-il à la hauteur de la tâche ? Aurait-il le cran d’agir ? Après tout, les autres étaient assez nombreux pour faire le sale boulot pendant qu’il détournerait le regard…

Non, c’était impossible ! Dalton Campbell voulait qu’il participe à l’action et découvre le châtiment promis à ceux qui ne tenaient pas parole. Et c’était une façon de l’intégrer davantage encore à son équipe de messagers.

Pour en faire vraiment partie, le jeune Haken devait aller jusqu’au bout. Les autres n’avaient sûrement pas peur, et il ne devait pas trahir sa faiblesse devant eux.

Pétrifié, il regarda l’Anderienne approcher, ses chaussures grinçant sur les graviers de la route. La seule idée de ce qui allait suivre le terrorisait. Pourquoi Claudine ne faisait-elle pas demi-tour ? Elle avait encore une chance d’échapper à son destin.

Quelques heures plus tôt, quand messire Campbell lui avait donné ses ordres, tout semblait si simple. Et maintenant…

Dans le bureau de l’assistant, à la lumière du jour, l’affaire paraissait pourtant d’une grande limpidité. Il avait essayé d’aider Claudine en la prévenant, et elle n’en avait pas tenu compte. À présent, elle devait payer.

Oui, à la lumière du jour, cela avait semblé logique. Mais dans le noir, en pleine campagne, il en allait tout autrement.

Une femme seule, une bande de jeunes hommes… L’horreur absolue !

Fitch serra soudain les mâchoires. Il ne devait pas décevoir les autres ! S’il se montrait aussi dur qu’eux, ils seraient fiers de lui et le considéreraient vraiment comme l’un des leurs.

Voulait-il abandonner sa nouvelle vie et retourner travailler sous les ordres de maître Drummond ? Avait-il envie que Gillie le tire de nouveau par l’oreille et l’insulte parce qu’il était un « vil Haken » ? Désirait-il redevenir « Fichtre » comme avant que messire Campbell lui donne une chance de montrer sa valeur ?

Le jeune Haken manqua crier de terreur quand il vit Morley bondir sur Claudine Winthrop.

Puis il suivit son ami, comme si ses jambes l’avaient décidé d’elles-mêmes.

Claudine voulut crier, mais Morley lui plaqua une main sur la bouche pendant que Fitch et lui la faisaient tomber dans la poussière.

En se réceptionnant, Fitch se fit très mal au coude et il entendit leur proie gémir quand Morley s’écrasa sur elle.

Elle battit des bras et des jambes, puis tenta encore de crier. Cette fois, un son étouffé sortit de ses lèvres, mais ils étaient bien trop loin de la ville pour que quelqu’un l’entende.

Frappant des coudes et des genoux, Claudine se battait rageusement pour sa vie. Fitch parvint à lui saisir un bras et le lui retourna dans le dos. Faisant de même avec l’autre bras de leur victime, Morley la força ensuite à se relever.

Sortant la corde qu’il avait emportée, Fitch attacha les poignets de l’Anderienne pendant que son ami lui enfonçait une boule de tissu dans la bouche puis la bâillonnait.

Les deux Hakens prirent Claudine par les aisselles et la tirèrent sur la route, se fichant qu’elle enfonce ses talons dans le sol pour tenter de résister. Deux des autres messagers approchèrent, la prirent par les jambes et la soulevèrent du sol. Un troisième lui saisit les cheveux et tira très fort.

Suivis par leurs compagnons, les cinq porteurs s’éloignèrent de la cité tandis leur victime, folle de terreur, tremblait de tous ses membres et tentait de hurler malgré le bâillon.

Après ce qu’elle avait fait, Claudine avait raison de mourir de peur…

Quand ils furent hors de vue de la ville, les Hakens tournèrent sur la droite et s’enfoncèrent dans un champ de blé. Pour œuvrer en paix, ils préféraient être loin de la route, où une diligence risquait à tout moment de les déranger. S’ils avaient dû lâcher leur proie et fuir, Dalton Campbell ne le leur aurait pas pardonné.

Quand ils furent au creux d’une petite dépression, au milieu du champ, ils jetèrent Claudine sur le sol. Ici, personne ne les verrait et on ne risquerait pas de les entendre.

L’Anderienne leva sur Fitch un regard terrorisé. L’agneau se retrouvait devant le couteau du boucher, et, cette fois, il n’y aurait pas de remise de peine.

Fitch haletait – moins d’épuisement que parce que la suite des événements le bouleversait. Le cœur affolé, il sentait ses genoux jouer des castagnettes.

Morley releva Claudine et la ceintura, comme la première fois.

— Je t’avais prévenue, grogna Fitch. Tu es donc stupide ? Je t’ai dit de ne plus répéter tes ignobles accusations contre le ministre de la Civilisation ! Il ne t’a pas violée, et tu as juré de ne plus rien dire à ce sujet. Mais tu n’as pas tenu parole !

Claudine secoua frénétiquement la tête. Voir qu’elle essayait encore de mentir enragea Fitch.

— Tu avais promis de ne plus salir la réputation du ministre ! cria-t-il. Et tu as recommencé dès que j’ai eu le dos tourné !

— C’est vrai, Fitch, dit un des messagers, tu l’avais avertie !

— Oui, renchérit un autre, elle savait ce qu’elle risquait.

— Et tu lui as donné une chance, ajouta un troisième Haken.

Plusieurs messagers tapèrent amicalement dans le dos de Fitch, qui se sentit soudain plus apprécié – et plus important – que jamais dans sa vie.

Claudine continua à secouer la tête, le front tellement plissé que ses sourcils se touchaient presque.

— Nos amis ont raison, grogna Morley. J’étais là, et j’ai tout entendu. Fitch t’a donné une chance, et tu aurais dû l’écouter.

Voyant que l’Anderienne voulait parler malgré le bâillon, Fitch le tira sur son menton et elle cracha la boule de tissu.

— Je n’ai pas recommencé, messire, je le jure ! Après vous avoir vu, je n’ai plus rien dit ! Par pitié, croyez-moi ! Je n’ai pas manqué à ma parole !

— C’est faux ! cria Fitch, les poings serrés. Messire Campbell nous a affirmé le contraire. Oserais-tu le traiter de menteur ?

Claudine secoua la tête.

— Non, messire ! Mais par pitié, vous devez me croire ! (L’Anderienne éclata en sanglots.) Je vous jure que j’ai obéi à vos ordres !

Fitch était furieux que cette garce s’entête à mentir. Il lui avait donné une chance – non, messire Campbell lui avait fait cette grâce ! –, et elle avait continué à trahir le ministre.

S’entendre appeler « messire » ne lui faisait même plus plaisir. Mais ça impressionnait les hommes qui se tenaient derrière lui et qui l’encourageaient à agir.

Et il en avait assez que Claudine se moque de lui.

— Je t’ai ordonné de te taire, et tu ne l’as pas fait !

— Si, gémit l’Anderienne. J’ai tenu ma parole et…

Fitch lui expédia son poing dans la figure. Bien au milieu, et sans retenir son coup.

Des os craquèrent sous l’impact.

Le jeune Haken avait frappé si fort qu’il s’était fait mal à la main. Il s’en aperçut à peine, fasciné par le sang qui maculait le visage de l’Anderienne au nez éclaté.

— Dans le mille, mon vieux ! cria Morley, qui avait un peu vacillé sous le choc.

— Continue, Fitch ! crièrent quelques messagers.

Heureux qu’on apprécie ses initiatives, le jeune Haken lâcha la bonde à sa fureur. Cette chienne essayait de nuire à Dalton Campbell et au ministre Chanboor – le futur pontife ! Elle méritait son châtiment !

Son deuxième coup arracha des bras de Morley l’Anderienne, qui tomba comme une masse et se reçut sur un côté. Fitch vit qu’il lui avait déboîté la mâchoire. Avec le sang, son nez écrasé et son menton désormais de travers, il ne reconnaissait plus vraiment Claudine.

C’était horrible, mais d’une étrange façon, comme s’il avait été le simple spectateur de ses propres actes.

Comme une meute de chiens, les autres hommes se jetèrent sur l’Anderienne. De loin le plus costaud, et le plus féroce, Morley la releva et tous entreprirent de la tabasser. Ils visèrent d’abord la tête, puis s’acharnèrent sur son ventre. Quand elle fut pliée en deux de douleur, ils s’en prirent à ses reins. Sous ce déchaînement de violence, elle échappa de nouveau à l’étreinte de Morley et s’écrasa face contre terre.

Alors, ils l’achevèrent à coups de pied. Morley visa sa nuque, et un autre messager la lui piétina sauvagement. Leurs compagnons se concentraient sur ses flancs, frappant si fort que le corps de l’Anderienne se soulevait comme une marionnette dont on tire les ficelles.

De très loin, dans un cocon où rien de mal ne se passait, Fitch se vit décocher dans le flanc de la moribonde un coup de pied qui lui fit éclater les côtes. Cette boucherie l’écœurait et l’excitait tout à la fois.

En compagnie d’autres hommes courageux et bons, il accomplissait une mission vitale pour la sécurité de Dalton Campbell et du ministre de la Civilisation. Le prochain pontife, que tout citoyen d’Anderith avait le devoir de protéger !

Une part de lui-même restait révulsée par cette ignoble exécution. Oui, dans un coin de sa tête, il aurait voulu s’enfuir en pleurant – ou mieux, n’avoir jamais vu Claudine Winthrop s’engager sur la route qui la conduirait à sa mort.

Mais l’exaltation refoulait ces sentiments au second plan. Parce qu’il était enfin un messager, admis et même admiré par ses pairs !

Après ce qui lui paru une éternité, la meute cessa enfin de se déchaîner sur sa proie, morte depuis longtemps.

Couverts de sang, y compris les cheveux et le visage, les messagers se regardèrent avec la satisfaction du devoir accompli.

L’odeur du sang dans les narines et au fond de la gorge, comme s’il en avait avalé, Fitch éprouva une sensation d’unité telle qu’il n’en avait jamais connu. Ces hommes étaient ses frères, et il n’y avait rien de plus beau au monde que la camaraderie qui les poussait à éclater de rire devant la dépouille désarticulée de Claudine Winthrop.

Quand ils entendirent le grincement caractéristique des roues d’une diligence, tous se pétrifièrent, l’oreille tendue. Les yeux écarquillés, ils attendirent, le souffle bloqué comme si le temps venait de s’arrêter.

La diligence s’immobilisa.

Sans se demander qui passait sur la route à une heure aussi tardive, les messagers détalèrent, en quête de la mare où ils plongeraient pour se débarrasser du sang qui trahissait leur culpabilité.

L'Ame du feu - Tome 5
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